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blog du sculpteur Stéphane Gantelet

fichier/papier/film

27----------------------------Cinal et Louis Braille---------------------------

Publié le 24 Juin 2009 par Stéphane Gantelet

À PROPOS DES TROPHÉES "DIRE LE NON-VISUEL" DANS LE CADRE DE LA COMMEMORATION DU BICENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE LOUIS BRAILLE ( voir l'article dans son contexte original )


"Je suis parti d’une analyse primaire des choses : le volume existe pour l’œil grâce au clair / obscur et donc à la lumière. Pour le toucher, le volume existe de manière très spécifique et différente : ce que le toucher propose, ce n’est pas une représentation à distance et changeante d’un volume en fonction de l’avancement du jour, mais une expérience physique de la géométrie du volume. L’outil de cette expérience est le doigt, avec cette pulpe que Louis Braille a eu l’idée d’utiliser pour créer son alphabet.


     Depuis quelques années maintenant, je plie du papier. J’ai récemment franchi une nouvelle étape puisque, grâce à un outil logiciel, je conçois des volumes virtuels que j’ai appris à déplier pour les imprimer. J’obtiens ainsi une sorte de patron de mon volume. Je le plie à nouveau, mais « pour de vrai » avec un papier relativement fin et j’obtient la forme que j’ai imaginée, augmentée des variations et autres marques de travail que le pliage a laissé sur le papier. La décomposition en plans qui s’opère par le pli dans ce type de volumes est d’un intérêt très fort pour moi, car ils décomposent le clair / obscur en valeurs de gris nettement distinctes d’un plan à un autre.


     Cependant, étant donné la dimension voyant / non-voyant du concours de nouvelles, il fallait que cet intérêt soit immédiatement perceptible aussi par le toucher. C’est pourquoi j’ai imaginé un doigt composé d’environ 90 polygones triangulaires dont les facettes sont obtenues par un pliage créant une sorte de légère saillie le long du pli d’un plan à l’autre. Tous les plis sont connectés entre eux et proposent différents chemins que le doigt peut suivre. Puisque la géométrie de chaque plan est différente, chaque plan possède une valeur différentes dans l’expérience de la géométrie que le doigt effectue en le touchant. Il est alors « capté » par le pli vers un autre plan, ou peut choisir de poursuivre son voyage de pli en pli.


     Pourtant, si j’ai choisi de mettre en avant la dimension symbolique du doigt dans l’invention de Louis braille, cette description n’est que le point de départ du projet, puisque ce doigt contient les cinq trophées. En effet, le volume à facettes du doigt s’ouvre en quatre sections verticales, dévoilant en son centre un cinquième élément sur lequel est reproduit l’alphabet braille. Je trouve assez réjouissant que le caractère très narratif de l’ensemble colle au plus près du sujet, mais qu’une fois les trophées remis, il acquière une dimension beaucoup plus abstraite pour celui qui le découvre hors contexte. Reste le plaisir de faire courir son doigt sur une surface dont les plis, très ordonnés, racontent une forme qui n’est pas sans rappeler le doigt du sculpteur César."





Photographies d'Ernest Puerta
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26---------------------le pli et la peau-----------------------------------------

Publié le 12 Juin 2009 par Stéphane Gantelet

 

 

 

 

Une sculpture « parle » ou non à celui qui la regarde. Il ne m’appartient pas de dire pourquoi il se passe ou non quelque chose dans son regard.

 

Ainsi, poursuivant l’idée de vous entretenir de mes sculptures en touchant au plus profond de la nature de leur matériau et sans parler des formes proprement dites, je vais d’abord vous parler du bois et plus particulièrement de l’arbre dont il est issu.

 

L’arbre croît en fabriquant du bois qu’il produit durant le cycle complet d’une année. Cette section est sa structure. La trace du temps sur l’arbre est matérialisée par la superposition de ces sections de bois fabriqué. Une par année. L’arbre crée donc une structure de bois en même temps qu’une écorce, une peau, pour protéger sa surface. La structure et la peau de l’arbre sont de même nature et issue d’un même processus de croissance.

 


Lorsque j’utilise du papier pour créer un volume, que je le plie à cet effet, à l’image de l’arbre, la structure de mon volume est de la même nature que sa surface. Ce qui le structure c’est le pli. Mais le pli n’est qu’un état du papier. Le pli, en effet, crée une zone de faiblesse dans le papier qui va répartir la feuille de papier de part et d’autre de la ligne de pliage. Déjà le papier n’est plus un simple plan mais, au minimum, deux plans dans l’espace. Le pli crée une zone de faiblesse dans le papier qui devient une charnière entre ces deux plans. Ainsi, la zone la plus fragile du papier (le pli) devient une force de tension lors du déploiement du papier dans l’espace. En d’autres termes, le pli structure mon volume par faiblesse. Mais comment mon papier passe-t-il d’un à plusieurs plans ?

 


L’homogénéité du matériau apporte une réponse sous forme de peau. En effet, si j’écrase fortement avec l’ongle le pli, la surface du papier avant et après ce pli va marquer une forte inflexion vers le bas. La force de pression reste imprimée dans le pli et conditionne donc l’habillage du volume jusqu’au pli suivant. De même lorsque je manipule mon papier pour l’amener vers une forme dont les contours se dessinent en même temps que je manipule, j’ajoute ou réduis les tensions. Elles sont lisibles sur la surface du papier. La lecture de ces tensions se fait en termes de valeurs de gris, de clair à obscur. C’est le fameux clair/obscur. C’est dans cet entre-deux plis et par le clair/obscur que la surface du papier permet de lire et d’atteindre à l’intimité du volume. A la manière de la peau entre deux articulations, le papier est plus ou moins concave ou convexe, froissé ou tendu et révèle de la sorte quelles tensions sont à l’origine de sa forme et les stigmates du temps.


De la même manière, le papier est altérable et le volume obtenu, par la variété de ses inflexions de surface, atteste de sa fragilité. Pourtant, grâce à la technique de la cire perdue il devient pérenne, inaltérable solide et lourd en se transformant en bronze. Le bronze capte la lumière à son tour et augmente la lecture du volume d’une immense variété de nuances visuelles dont le papier est dépourvu : réflexions, réfractions, reflets spéculaires, anisotropie, etc.…Le jeu du clair obscur est, dès lors, démultiplié et d’une richesse infinie pour peu que la lumière qui se pose dessus varie.

 

 Ainsi, chacune de mes sculptures en bronze parle d’abord d’elle-même, de la nature des matériaux avec lesquels en acquérant un volume elle déroule l’histoire de sa genèse. Elle raconte sa propre histoire.

 

 

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25-------------------------Chalk Hill-----------------show---------------

Publié le 6 Juin 2009 par Stéphane Gantelet

Je suis à une heure du vernissage de mon expo avec Emily Ball à la Chalk Hill Galery de Guilford en Angleterre. Le décor est superbe et plus de 200 personnes sont attendus pour cette occasion. Je ne résiste pas au plaisir de publier ces images du "show" comme on dit ici. certaine sculpture (figuratives) sont du sculpteur Anglais Neal French !




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24-----------------------------brise-lames----------------------#1-------

Publié le 2 Juin 2009 par Stéphane Gantelet

Brise-lames. Premiers échanges avec Juliette. Elle avance sur son journal du brise-lames. De mon côté j’y travaille aussi avec pas mal de contraintes techniques liées à l’animation en images de synthèse. Thl à proposé un son aux accents d’accordéon pour accompagner cette scène maritime. La mer, l’accordéon, un son qui sort de la respiration d’un soufflet plutôt qu’un bruit de blocs qui s’entrechoquent. Une petite série de notes qui tintent à la place d’un gros bruit. Il ne s’agit pour le moment que d’un tout petit extrait qui s’inscrit dans une série autour de la construction du brise-lames qui s’invente sur la base des textes de Juliette et des ambiances sonores décalées de Thl. Entre plaisir et inquiétude. Une phrase extraite de l’héritage philosophique de Gilles Deleuze par Alain Beaulieu vient de me taper dans l’œil : « Mais comme, chez Baudelaire, un brouillard peut devenir un sphinx, chez Leibniz repris par Deleuze, l’inquiétude comme « petite pliure » permet de transformer le désert: il appartient à la perception de pulvériser le monde, mais aussi de spiritualiser la poussière. ». On va essayer de faire ce que l’on peut, ça ne sera déjà pas si mal !





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