Hier, aller/retour à Chambéry à la Satil rem pour les dernières retouches "cosmétiques" sur le mémorial. Aujourd'hui transport et demain
installation.
Ce projet remonte à un peu plus d'un an, ce qui est court pour la mise en œuvre et l'exécution d'un projet de taille conséquente. L'histoire de ce projet, car il est temps d'en dire plus, a commencé pour moi à l'atelier par la rencontre avec Philippe Bousquet, architecte (agence Novembre). Il avait une idée en tête bien précise sur la philosophie du projet ainsi qu'une empreinte générale de la surface au sol de ce monument. Et, justement, son idée était de ne pas faire un monument commémoratif frontal mais plutôt participatif. En d'autres termes il voulait que le devoir de mémoire (aux soldats Français morts durant les guerres d'Afrique du Nord : Algérie, Tunisie et Maroc entre 1952 et 1962) puisse se faire par un contact particulier et personnel avec un monument. Dès lors il a imaginé un mémorial en trois temps, sans socle, où la déambulation serait possible sans préavis. Le lieu d’implantation appelait cette dimension de cheminement puisqu’il sera installé au départ de la nouvelle promenade en front de mer à Sète.
Et justement, la mer a eu aussi sont mot à dire. En effet, il n’était pas question de briser la ligne d’horizon obligeant ainsi le mémorial à ne pas dépasser un mètre de hauteur, le contraignant, en fait, à rester à hauteur d’homme. Et c’est là que je suis intervenu car Philippe était sensible au travail de plan de mes pliages. J’avais aussi les outils logiciels et un savoir faire suffisant pour donner du volume à son idée. Nous avons donc travaillé ensemble sur des propositions que je lui soumettais régulièrement. A un moment les choses ont commencé à se préciser en termes de volume. Ont suivi des séances de travail à quatre mains sur un fichier 3D. A l’issue de chacune des ces séances de travail je réalisais une maquette. Je crois que j’en ai fait 24 en tout.
On a ensuite choisi une usine capable de réaliser pour nous dans des plaques de 8mm d’acier Cor-ten, l’assemblage et la gravure des listes des noms. Il était impossible de le réaliser directement dans mon atelier compte tenu des dimensions et du poids total de l’ensemble (7 tonnes pour 10 mètres de long).
Lorsque je l’ai donc découvert à l’usine assemblé et à taille réelle
pour la première fois, je suis resté figé, sans voix. Ce projet j’en connais le moindre détail. Chaque point dans l’espace a été, expérience inédite pour moi, l’occasion de longues discussions
avec Philippe. Pourtant, le voir en grand a été un choc. La monumentalité d’une sculpture porte en elle une charge d’émotion supplémentaire liée à ses dimensions. Je le savais maisl là je l'ai
vécu. J’attends avec impatience les réactions des promeneurs.