Hier soir dernière représentation de « sans frontières » le spectacle de Mitia Fedotenko à La chapelle Gély de Montpellier. Et ce fût un sacré
moment de tensions croisées puis apaisées. Un dialogue impossible entre Hervé
Piekarski, écrivain, qui, sur scène, fait usage de sa présence corporelle et Mitia, danseur, qui, sur scène fait bon usage du verbe en Français, Allemand
et Russe. Puis Céline Seignez à la régie son s’en mêle et, tel un agent de bureau de douane, donne des instructions au micro. Dans cette idée de croisement de discipline qui l’anime, Mitia m’a
demandé de présenter mes papiers pliés dans les espaces autour des gradins. Sonya Perdigao, l’éclairagiste à alors pris les choses en main et j’ai été sidéré lorsque j’ai vu le résultat le soir
de la première. Il faut dire que nous autres, sculpteurs, plasticiens et autres peintres, avons l’habitude de procéder a l’installation de notre travail sur les salons et bien souvent en galerie
sans aucune aide, à l’image de notre statut social. Assimilé à une profession libéral on à surtout le droit de payer et de ne rien vouloir en compensation. Alors avoir un pro équipé qui s’occupe
de l’éclairage de mes sculptures c’est tout simplement incroyable et formidable. Dans la création de Mitia il ne s’agissait pas à proprement parler de « danser avec les sculptures »
mais de créer un environnement où l’accumulation de pli de mes volumes renvoi à cette idée de frontière que l’alternance de la brillance la plus étincelante et du noir le plus éteint d’une face à
l’autre vient souligner par contraste. J’ai donc découvert ce soir là une ombre projeté inquiétante de « En marche » côtoyer les réfractions sur le mur de la chapelle de
« coquillage ». De l’autre côté des gradins il y avait aussi les deux grands papiers paraffine que je présentais au public pour la première fois perchés à 2 m de haut. La lumière
traversait la peau légère et fine du papier translucide pour donner l’impression que la sculpture générait sa propre lumière. Auto illuminé. On aurait dit deux gros blocs de glace dans la
pénombre environnante. Ajouté à cela les sons étranges et beaux que Jonathan Fenez tire de ses tournes disques en direct live, perturbant de milles façons ingénieuses et incongrus (je ne suis pas prêt d’oublier le disque diamant pour couper le carrelage à la
place du traditionnel 33 tours) le discours des acteurs/danseurs/auteurs, j’ai quitté le plateau de la chapelle pour faire l’expérience de la lévitation que procure le plaisir. Une chapelle
débaptisée c’est bien pour l’extase artistique !