Depuis que j’utilise des outils logiciels pour concevoir et fabriquer mes sculptures récentes, un grand nombre d’interrogations viennent occuper mon esprit. J’ai déjà évoqué dans un post précédent l’intérêt que représente pour moi ce nouvel espace de travail afin de déployer des formes dont la complexité de la structure ne peu être appréhendée par l’esprit humain mais générée par lui en mettant en œuvre des opérateurs qui inter-réagissent entre eux. L’ordinateur et sa puissance de calcul et d’interprétation visuelle résoud les équations mises en œuvre pour produire une forme « désirée ». Pourtant, du fait même que ces calculs soient hors d’atteinte pour mon esprit, le résultat formel de ces calculs est toujours une surprise. Pour reprendre un terme fréquent dans la sculpture contemporaine, c’est un « accident » provoqué incidemment.
De retour d’un voyage à Paris, où j’ai fait les galeries des environs de la rue de Turenne, je m’interroge sur
l’équivalence des œuvres entre elle. Je suis très dérouté et partagé par un certain nombre de propositions contemporaines qui livrent des œuvres parfaites avec un propos précis. J’ai vu notamment
un grand cheval rouge laqué de Xavier Veilhan à la galerie Perrotin, grandeur nature, fruit d’un travail sur ordinateur et d’une réalisation dans un atelier hautement qualifié. Le traitement du
volume en facette polygonales peu nombreuses (low-poly) étonne tant cette peau est éloignée de celle d’un cheval et sidère pourtant par sa ressemblance et le dynamisme qui s’en dégage. J’y
perçois clairement une invitation à réfléchir sur le sens de la représentation. Mais je trouve difficile où en tout cas non inclus dans la proposition artistique, de dépasser le stade intéressant
de cette question. La question donc que je me pose est de savoir si le fait d’être moins précis, et dans une certaine mesure clinique, dans mes sculptures, de passer par le papier afin d’altérer,
de faire vibrer la précision mathématique des plans calculés par mon logiciel, est une régression sensible rassurante ou une projection de moi-même assumée dans la forme. Le fait est que mon
papier plié, coulé en bronze ou présenté en papier paraffine, est plié. Où plutôt, je l’ai plié. Malgré sa nature géométrique et son code génétique informatique, je l’ai plié et il en conserve
tout les stigmates. A la lueur de cette visite Parisienne, le désir que j’aie depuis quelque temps de dévier la géométrie que me propose l’ordinateur pour affirmer de manière évidente cette
dimension incarné de la forme, prends précisément forme quitte à brouiller les pistes et ne pas réduire sciemment la sculpture concernée à un chant d’interprétation circoncis à elle-même. En la
voyant on peut dés lors dire qu’elle à été faite à un moment donné dans l’espace et le temps par l’alliage d’une main et des ressources de calcul d’un ordinateur, de pas mal de sueur et
d’accidents.
Photo de "la chapelle" à Montpellier où j'expose mes papiers pliés du 23 et 24 mars 2010 pour le spectacle "Sans frontières" d'"autre Mina" la compagnie de danse contemporaine du
chorégraphe Mitia Fédotenko.