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blog du sculpteur Stéphane Gantelet

fichier/papier/film

46------------------------lévitation----------------------------------------------

Publié le 19 Avril 2010 par Stéphane Gantelet

Dans le post précédent, je parlais de réaliser directement des sculptures en papier léger et translucide. J’étais alors sur une piste qui s’est révélée bonne. Pour l’expo [brizlam] je vais donc pouvoir présenter trois pièces réalisées en papier/époxy « cristalle » avec un degré de transparence bien plus élevé que les papiers paraffines et une grande résistance malgré leur extrême légèreté. Il est particulièrement jouissif, après avoir passé des années à manipuler du bronze, de parvenir à réaliser de grandes pièces dont le poids final n’excède pas 200 grammes ! Car, au travers de cette expérience d’allègement, c’est une modification profonde de ma manière de voir le volume qui opère et une opération d’allègement personnelle tout court. Il n’est pas nécessaire que le regard traverse la surface de la peau d’une sculpture pour en éprouver le volume. Mais le fait qu’il puisse le faire donne une présence neuve au vide intérieur de la sculpture. On pourrait presque dire que la nature légère et translucide de sa peau donne de la densité au vide de ses entrailles. La lumière, qui profite de ce nouvel espace pour se rependre, crée des jeux de réflexions, réfractions inédits et habite le vide du cœur du volume au-delà de la membrane de papier. Le quasi rien de matière et de poids de la sculpture est en opposition complète avec l’intérêt de ce qu'elle produit pour mon œil. Et lorsque mon œil vibre je vibre tout court. Reste à créer des supports fins pour les présenter et les mettre en espace. Sur cette image d’Ernest Puerta, la sculpture est posée au sol mais parait flotter. La lumière a traversé la peau pour se poser au sol et illuminer l’ombre. Les rapports de lecture du clair/obscur s’inversent et ce qui est par nature cloué au sol lévite. Ernest a vu cette dimension inédite du jeu de lumière et son sens du cadrage a fait le reste. J’ai une série complète d’images superbes qui insistent sur d’autres aspects des papiers pliés comme cette coloration et translucidité qui rappelle la peau humaine. Mais j’ai choisi de ne mettre que cette image.

 

 

From Stef papiers avril 2010
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45------------------------------Tensions----------------------------------------

Publié le 6 Avril 2010 par Stéphane Gantelet

La pression est montée d’un cran. Préparer une exposition sur 250 m2 ne se fait pas en un jour et la particularité de la sculpture est que faire de nouvelles pièces prends du temps et pas mal d’argent. Il faut entrer à l’atelier comme on entre en phase de recherche et développement dans l’industrie pour élaborer de nouveaux produits qui mettent en œuvre des innovations. Mais là ce ne sont pas véritablement des produits : la sculpture, on le sait, n’aura pas une fonction directement utile dans la maison. Pourtant c’est bien de nouvelles pistes dont je suis à la recherche lorsque je m’enferme à l’atelier. Parler d’innovations n’a pas de sens. Mais on pourrait remplacer ce terme par celui d’originalité. En fait ce que je recherche c’est quelque chose de surprenant. Que j’ai l’impression de voir pour la première fois. Il est clair qu’on invente rarement de toute pièce quelque chose. Mais si visuellement, volumétriquement si je puis dire,  je suis surpris et intéressé alors j’ai touché au but de ma recherche. Pour le financement il y à grosso modo deux solutions : la demande de subvention auprès de l’état et de la région où l’autofinancement, c'est-à-dire la débrouille. Du fait du caractère résolument informatique de ma recherche en matière de volume j’ai obtenu facilement l’aide des institutions. Et puis la porte vient de se fermer brutalement. Changement de personne, changement de point de vu sur ce que devrait être la recherche artistique. La politique culturelle change et il faut faire avec. Ou plutôt sans. L’expo [brizlam], c’est son titre officiel, aura pris 11 mois de préparation. C’est la première fois que je m’investi sur presque un an à la préparation d’une expo. Le film de 20 minutes crée pour l’occasion est quasiment terminé et sera diffusé sur grand écran au format HD dans la salle d’expo. Le Pliage du brise-lame de 18 m est lui aussi arrivé quasiment à terme. Voici quelques images. La dernière incertitude concerne des pliages en papier que je désire présenter enduis d’une très fine couche d’époxy afin de les conserver translucides et légers. Après pas mal d’impasses je crois que j’ai trouvé la manière de le faire et le résultat me plait beaucoup. C’est donc une tension au long court vers un évènement qui bientôt touche à sa résolution. Comme si, finalement, les tensions qui émaillent le chemin de la recherche artistique étaient des vecteurs de force pour lesquels il faudrait créer un canal dans lesquelles elles se résoudraient de manière originale. Là, le canal mène le brise-lames à Poussan à partir du 7 mai.

 

 

Photos de Ernest Puerta

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