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blog du sculpteur Stéphane Gantelet

fichier/papier/film

30-----------------------------------La mécanique créatrice----------------

Publié le 15 Août 2009 par Stéphane Gantelet


Les alignements de Carnac. Photo Solal


Un flux, en lisant Abadôn, le long poème de Michelle Dujardin qui court sans points de la première à la dernière page de son livre, j’ai senti ce flux s’installer et ma perception se modifier. Puisque ce blog est un peu le prolongement de l’atelier, j’exprime ma pensée sans trop de précautions et tant pis si l’articulation des idées paraît boiteuse : l’association impossible ouvre parfois une brèche où l’air est plus vif. Car face à Abadôn où les oppositions de temps, d’espace et de sentiments s’entrechoquent pour créer une sorte de d’onde dont la longueur et l’amplitude ne cessent de s’inverser, une brèche dans le réel m’est apparue. Et une drôle d’association d’idée. Il y a pas mal de temps que la vision scolaire de la pensée logique pour décrire les phénomènes et organiser la vie, le travail et les idées me frustre. Je me suis donc intéressé à la notion de mécanique quantique : pas pour la manipuler, j’en serais bien incapable, mais pour voir quelle résonance cette approche si particulière de la description des mouvements infiniment petits pouvait engendrer dans mon approche de la sculpture. Et j’ai découvert des paradoxes et des oppositions qui m’ont sidéré et bouleversé.

Car, si j’ai bien compris, la mécanique quantique ne fige rien dans un concept unique et isolé dans le temps. Elle établit des calculs de probabilité et décrit à l’instant T ce qui se passe à l’échelle des particules. Et il peut tout aussi bien à cet instant T se passer une chose et son contraire. Ainsi dans le célèbre exemple du chat de Schrodinger, le chat en présence d’un atome d’uranium qui se fissure est dans un état superposé vivant et mort. La logique classique vacille et c’est la réalité qui se fissure. Car, si je ne peux pas être vivant et mort à la fois, je peux pourtant l’être ! En effet, dans cette brèche où l’air est plus vif, mon esprit peut tout envisager et donner à cet état une consistance si forte qu’il m’en proposerait une expérience. Avec Abadôn, j’ai fait cette expérience. Le monde m’apparaît alors élargi et j’ai la sensation formidable que mon esprit se déploie. J’ai envie de dire que, vue sous cet angle, la création est un flux quantique qui caractérise l’irréductible substance humaine de l’esprit.

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